De l'autopartage en milieu rural?
Par Matthieu Max-Gessler
Le transport collectif est souvent loin d’être au point en milieu rural, lorsqu’il n’est pas tout simplement inexistant. Cette réalité pourrait toutefois changer, alors qu’un système d’autopartage de voitures électriques pourrait bientôt voir le jour dans les petites municipalités.
Le bureau d’experts-conseil YHC Environnement et le Centre national du transport avancé (CNTA) ont récemment obtenu le feu vert de la Fédération canadienne des municipalités pour mener une étude de marché et de faisabilité d’un tel projet dans quatre municipalités québécoises, soit Nicolet, Plessisville, Deux-Montagnes et Amqui.
«On va déterminer les besoins des municipalités et des organismes intéressés pour voir comment le projet pourrait s’implanter et à quel coût, explique son directeur général, Yves Hennekens. Le but, c’est d’offrir une alternative à la voiture individuelle.»
Les municipalités seraient appelées à acheter un certain nombre de véhicules que ses employés pourraient utiliser dans leur travail. Les véhicules libres serviraient aux citoyens qui n’ont pas de véhicule personnel, mais qui en ont besoin à l’occasion.
L’étude de marché débutera en mars prochain et devrait s’étendre sur un peu plus d’un an.
«Pas à n’importe quel prix», nuance Alain Drouin
Le maire de Nicolet, Alain Drouin, se réjouit que le projet aille de l’avant, d’autant plus que sa municipalité a déjà investi 3 500 $ pour la réalisation de cette étude. Le premier magistrat compte également sur cette dernière pour mieux connaître les besoins de ses employés.
«L’étude va déterminer leur nombre de déplacements. Si on se rend compte qu’ils font 20 000 kilomètres par année, ça peut être intéressant pour nous d’avoir une voiture électrique», explique M. Drouin.
Pour lui, la donnée la plus importante à déterminer sera toutefois le coût d’un tel projet.
«On est prêt à réduire nos émissions de gaz à effet de serre. On est prêt à payer un prix pour ça, mais pas n’importe lequel», prévient-il.
Intéressant pour Trois-Rivières?
Questionné sur la faisabilité du projet, André Lavoie, directeur général de Roulons vert, à Trois-Rivières, se dit optimiste.
«J’applaudis toujours lorsqu’il est question de développer plus de ressources en transport collectif, surtout en milieu rural, où il y a moins d’offres. C’est sûr que la rentabilité est toujours un défi, mais ce n’est pas infaisable», croit-il.
Bien que le projet s’adresse avant tout aux municipalités en milieu rural, Yves Hennekens ne ferme pas la porte à son implantation dans d’autres villes comme Trois-Rivières, qui n’a pas de service d’autopartage. Il prévient toutefois que la réalité y est très différente.
«Ça peut se faire, mais il y a déjà des taxis et un service d’autobus. Il faudrait déterminer quelle clientèle on viserait, mais le marché est très différent. Ça serait peut-être limite», met-il en doute.
S’il comprend l’hésitation de M. Hennekens, André Lavoie croit pour sa part qu’un système de prêt de véhicules trouverait facilement preneur à Trois-Rivières.
«On se fait souvent poser la question à savoir quand Communauto s’installera à Trois-Rivières. Je comprends que certains, surtout les compagnies de taxi, ne seraient pas contents, mais je ne crois pas que ce soit la même clientèle. Ça ne les fera pas fermer», soutient-il.
Une voiture électrique... québécoise?
Le Centre national du transport avancé (CNTA) de Saint-Jérôme travaille depuis bientôt trois ans sur un modèle de voiture électrique, le Nomad. La participation de l’entreprise à l’étude de faisabilité menée par YHC Environnement n’a donc rien d’un hasard.
«Ce sera une voiture faite sur mesure pour une utilisation en libre-service, confirme Sylvain Castonguay, directeur général du CNTA. On veut donc développer une plateforme qui sera compatible avec les logiciels de gestion d’autopartage.»
L’étude de marché permettra à l’entreprise de définir les caractéristiques du véhicule pour que ce dernier réponde aux besoins soulevés. Déjà, sa solidité et sa durabilité seront des critères à intégrer, estime M. Castonguay, qui se fie à l’expérience de Communauto avec les modèles <I>Leaf<I> de Nissan.
«Ce modèle est trop beau et trop fragile pour le libre-service. Les plastiques utilisés ne sont pas assez résistants. On veut un véhicule plus approprié à une utilisation intensive», explique-t-il.
Des prototypes en 2016
Le rêve du CNTA pourrait bientôt devenir réalité, puisque les premiers Nomad pourraient être fonctionnels dès 2016.
«Quand le prototype sera prêt, on aimerait construire entre 50 et 100 unités pour faire certifier le produit. En 2017, on aimerait en déployer plusieurs centaines, voire des milliers si tout va bien», avance M. Castonguay.
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