Genticorum : voyager en musique
Par Guillaume Jacob
Genre marginal sur les ondes radiophoniques, la musique traditionnelle québécoise est pourtant prisée aux quatre coins de la planète. Parlez-en à Genticorum. Après avoir fait le tour du monde, le groupe atterrira au Grenier du magasin général Le Brun, à Maskinongé, le 16 mars prochain.
Ils ont fait danser les Mexicains, les Danois, les Malais, les Australiens et bien d'autres encore en leur faisant découvrir le patrimoine musical de la Belle Province. Au cours de la dernière décennie, les trois musiciens de Genticorum ont foulé plus de 700 scènes dans 15 pays.
« La musique traditionnelle québécoise suscite beaucoup de curiosité à l'étranger, note Yann Falquet, guitariste du groupe. On se trouve à présenter une musique exotique à ceux qui sont intéressés par les autres cultures. »
Les trois musiciens voyagent peut-être de par le vaste monde, ils ne se produisent pas pour autant devant des foules monstres. « Le public de la musique traditionnelle est très enthousiaste, mais plutôt restreint », fait remarquer Yann Falquet.
Ce qui n'empêche pas bon nombre de musiciens de vivre de leur art dans ce genre musical. « Le public est petit à chaque endroit, mais il est éparpillé à travers le monde, alors au bout du compte ça suffit pour rouler sa bosse, à condition de faire beaucoup de spectacles », explique le guitariste.
D'ailleurs, c'est entre autres parce qu'ils tenaient à vivre de leur passion que les trois membres de Genticorum se sont orientés vers le « trad ». Tous diplômés de programmes de musique, ils ont expérimenté différents styles, du jazz à la musique populaire, avant de se rencontrer et de former le groupe.
« Ça a cliqué tout de suite, se rappelle Yan Falquet, on parlait le même langage. À partir de là, on a appris à s'éloigner de ce qu'on avait appris à l'école. »
Briser le stéréotype
Au Québec, la musique traditionnelle est souvent de mise dans le temps des Fêtes, et oubliée le reste de l'année. « C'est sûr que c'est plus facile d'organiser des spectacles au Québec durant cette période », admet Yann Falquet. Son groupe a d'ailleurs donné une série de représentations en décembre dernier.
« On essaie de briser le stéréotype de "groupe de Noël", la musique traditionnelle, c'est intéressant tout au long de l'année. »
Sur leur plus récent disque, Nagez Rameurs, les trois musiciens ont puisé dans le vieux répertoire de l'Amérique française pour faire revivre les chansons des voyageurs et des coureurs des bois. Pour le groupe, il s'agissait de mettre en valeur des chansons propres à nos ancêtres. « Il faut savoir que bon nombre de nos chansons traditionnelles ont traversé l'Atlantique avec les premiers colons. »
Nagez Rameurs a remporté le prix d'album de musique traditionnelle de l'année aux derniers Prix de musique folk canadienne à Toronto, et Genticorum le prix de groupe de l'année. « Ça fait grand plaisir, confirme Yann Falquet. Ça ne change pas le monde, mais ça prouve qu'on n'est pas complètement dans le champ. »
Meilleurs en vrai
Selon le guitariste, c'est en spectacle que le groupe excelle. Les salles intimes comme le grenier du magasin général Lebrun sont appréciées des musiciens de Genticorum. « Au Québec, on est content de jouer dans des salles plus petites, mais bien remplies, souligne Yann Falquet. C'est plaisant quand le public est attentif. »
Mais au fait, qu'est-ce que ça veut dire, Genticorum ? « C'est un mot tiré d'une vieille chanson que le grand-père de Pascal (le violoniste) chantait, explique M. Falquet. On retrouve beaucoup de ces mots à consonance latine dans les vieilles chansons. Les gens assistaient aux messes en latin sans comprendre, et ensuite transposaient des termes inventés dans leurs chansons. Des mots qui, sans vouloir rien dire précisément, évoquaient des images fortes. »
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