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L'armée assouplit certains critères médicaux pour ne pas écarter de bons candidats

durée 12h48
22 janvier 2025
La Presse Canadienne, 2024
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3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

OTTAWA — Les Forces armées canadiennes n'écartent plus automatiquement les candidats qui souffrent de certains problèmes de santé, comme des allergies ou le TDAH, dans un souci d'augmenter ses effectifs.

Dans une entrevue avec La Presse Canadienne, la cheffe d'état-major de la Défense, la générale Jennie Carignan, a déclaré que les quatre problèmes de santé qui feront désormais l'objet d'une évaluation cas par cas sont: le trouble déficitaire de l'attention avec hyperactivité (TDAH), l'anxiété, l'asthme et les allergies.

Auparavant, tout candidat qui se présentait avec une allergie était immédiatement écarté, a expliqué Mme Carignan. Or, «de nos jours, avec la technologie», ce n'est peut-être plus nécessaire d'écarter ces candidats, à moins d'un cas d'allergie «très, très grave» qui, en situation opérationnelle, ne permettrait pas d'avoir accès au soutien médical «qui vous permet de continuer».

La générale Carignan a expliqué que les changements apportés aux critères médicaux d'entrée dans l'armée sont en vigueur depuis janvier. Elle précise que les outils de diagnostic sont «beaucoup plus sophistiqués» qu'il y a 30 ou 40 ans. «Il faut s'adapter à l'environnement d'aujourd'hui tout en exerçant une gestion des risques.»

Étant donné que les changements ont été apportés récemment, Mme Carignan estime qu'«il faudra un peu de temps» pour en voir les effets sur le recrutement. Mais plusieurs autres changements ont déjà fait «une grande différence» dans les candidatures et les admissions de futurs militaires, a-t-elle soutenu.

Elle souligne par exemple que l'armée a modifié l'automne dernier les règles relatives à la cote de sécurité, de sorte que les nouveaux militaires n'ont plus besoin du même niveau de sécurité.

«Tout le monde n'a pas besoin d'avoir une autorisation de sécurité de niveau 'secret' lorsqu'il s'enrôle pour la formation des recrues», a déclaré Mme Carignan.

Dans cette entrevue de fond, Mme Carignan a également discuté de diversité, d'inconduite sexuelle, de l'implication de l'armée dans la lutte aux feux de forêt et les interventions d'urgence, et de la relation du Canada avec l'armée américaine, qui, selon elle, est «extrêmement solide».

Il manque environ 14 000 militaires

Selon les données fournies par les Forces armées canadiennes, l'effectif à la fin de l'année dernière était de 87 638 militaires, alors que l'objectif est de 101 500.

Mme Carignan admet qu'au cours des dernières années, les Forces armées canadiennes n'ont pu atteindre qu'environ 60 à 65 % de leur objectif de recrutement. Or, en seulement quelques mois après avoir apporté des changements à son processus d'enrôlement, elle a déclaré que l'armée dépassait maintenant la barre des 80 %.

«Je suis modérément optimiste quant à notre capacité à atteindre notre objectif cette année, a déclaré Mme Carignan. Il y a beaucoup d’intérêt, il s’agit maintenant de convertir cet intérêt en offres et en sélections réelles pour les Canadiens qui frappent à notre porte.»

La cheffe d’état-major a déclaré que l’organisation envisageait un objectif de recrutement d’environ 6500 pour l’année et qu’il est au-dessus de la barre des 5000 «avec beaucoup d’autres dossiers prêts à être traités». Mme Carignan souligne toutefois qu'il faut recruter davantage du côté de la réserve.

Elle estime par ailleurs que le taux d’attrition dans l'armée est «très sain», soit environ huit ou neuf pour cent. Elle a déclaré que l’organisation s’efforce d’améliorer la rétention, en particulier au niveau des cadres intermédiaires.

Christian Leuprecht, professeur au Collège militaire royal et à l’Université Queen’s, estime qu’il est tout à fait logique que les Forces armées soient flexibles et ajustent leurs exigences pour pouvoir compenser les importantes pénuries de personnel et offrir l’égalité des chances aux Canadiens qui souhaitent servir dans l'armée.

«Il manque 15 000 militaires, je crois, au dernier décompte, ce qui va nécessiter des compromis, a souligné M. Leuprecht. Je ne crois pas que cela compromette sérieusement la capacité de l'armée à accomplir sa tâche, étant donné que nous pensons toujours que chaque militaire doit être capable d'être un fantassin dans une tranchée quelque part.

«Mais bien sûr, la plupart des militaires accomplissent des tâches qui nécessitent des personnes extrêmement talentueuses qui ne pourraient tout simplement pas servir dans les tranchées pour une multitude de raisons», a rappelé le professeur Leuprecht.

«Tout le monde fait face à des contraintes de main-d'œuvre, et d'autres employeurs ont ajusté leurs attentes et le font régulièrement, tout comme l'armée.»

Catherine Morrison, La Presse Canadienne