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La ministre St-Onge craint un rapprochement entre CBC et Radio-Canada

durée 16h14
2 mai 2024
La Presse Canadienne, 2024
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Par La Presse Canadienne, 2024

OTTAWA — La ministre du Patrimoine canadien, Pascale St-Onge, n'est pas particulièrement chaude à l'idée d'un rapprochement entre les services anglais et français de CBC/Radio-Canada qu'envisage la haute direction de la société d'État.

«Tout effort de modernisation ne doit absolument pas se faire au détriment des services francophones et de leur capacité à remplir leur mandat, tant pour le Québec que pour toutes les communautés francophones partout au pays. Je veillerai à ce que cela n’arrive pas», écrit-elle dans un message transmis par son cabinet.

Or, la société d'État assure dans une déclaration publiée en ligne que son «plan de modernisation» révélé au grand jour jeudi par le quotidien La Presse «ne vise pas à éliminer l'indépendance éditoriale et de programmation des médias anglais et français».

Le projet a pour objectif d'«assurer la pérennité» du diffuseur public en tirant «le meilleur parti possible de nos ressources limitées, notamment en matière de technologie», mentionne-t-on.

La nouvelle a rebondi à la période des questions, en après-midi, lorsque le leader parlementaire du Bloc québécois, Alain Therrien, a affirmé que ce rapprochement implique des concessions qui se feront «sur le dos de la culture québécoise et de ses créateurs» et qui vont «nécessairement enlever de notre identité culturelle pour l'assimiler à celle du Canada anglais».

La vice-première ministre Chrystia Freeland l'a assuré qu'elle partage les préoccupations de la population «sur la langue française, sur la culture québécoise» et que «la diffusion en français ne sera pas affectée».

Revenant à la charge, M. Therrien a dit avoir «une proposition»: rendre CBC et Radio-Canada à l'inverse plus indépendantes l'une de l'autre en les séparant en deux sociétés d'État distinctes, en reconnaissant que «les deux n'ont pas la même identité culturelle, pas la même audience, pas la même culture d'entreprise».

À leur arrivée au parlement, un seul élu conservateur s'est risqué à commenter le projet. «C’est une belle stratégie», a dit le député de Lévis—Lotbinière, Jacques Gourde, sans s'expliquer davantage.

Quelques instants plus tard, le libéral Francis Drouin, qui représente une circonscription ontarienne à forte présence francophone, a expliqué que de mutualiser les services devient «un problème la journée que M. Poilievre veut éliminer CBC».

Dans le foyer de la Chambre des communes, le chef adjoint du Nouveau Parti démocratique, Alexandre Boulerice, s'est dit «extrêmement inquiet» étant donné que CBC et Radio-Canada mettent déjà énormément de ressources en commun.

«Est-ce qu'on parle de la programmation?, s'est-il demandé. Parce qu’il faut que la production en français, puis la programmation en français, elle serve les histoires des communautés francophones au Québec, puis ailleurs au Canada. Il ne faut pas que Radio-Canada devienne la traduction simultanée de CBC. Il faut garder cette autonomie-là.»

Le chef conservateur Pierre Poilievre, dont le parti est largement en avance dans les sondages d'intentions de vote, a maintes fois répété qu'il promet de «définancer» la CBC s'il prend le pouvoir.

Il considère néanmoins que les services français de Radio-Canada, et particulièrement ceux destinés aux minorités francophones du pays, devraient être épargnés puisqu’il les considère comme un service essentiel.

Michel Saba, La Presse Canadienne