La réaction de Legault aux licenciements chez Amazon fait s'insurger l'opposition
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Par La Presse Canadienne, 2024
MONTRÉAL — Le géant de la vente en ligne Amazon a annoncé mercredi matin qu'il fermait ses sept entrepôts au Québec, mettant sur la touche 1700 travailleurs permanents et 250 travailleurs temporaires. Une annonce à laquelle le premier ministre François Legault a d’abord réagi en parlant hockey et jus d'orange.
Invité à commenter la décision d'Amazon alors qu'il se rendait à une réunion de son caucus, le premier ministre François Legault a préféré contourner le sujet, en répondant aux journalistes: «Un, le Canadien a encore gagné. Deux, je n'ai pas bu de jus d'orange ce matin». Il n'en fallait pas moins pour faire tonner les partis d'opposition, à commencer par le chef de l'opposition officielle, Marc Tanguay.
«Je dénonce cette réaction déconnectée et insensible de François Legault», a-t-il dit en marge du caucus présessionnel du Parti libéral du Québec (PLQ) à Orford, en Estrie. «C'est un François Legault qui en a échappé toute une, qui a manqué de sensibilité, a-t-il dénoncé. Je lui demande de se ressaisir, de corriger le tir, d'agir comme un premier ministre qui est là pour défendre notre monde et qui est là pour se préoccuper de notre monde.»
Du côté du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon s'est également insurgé contre le chef du gouvernement. «Je pense qu'au Québec, on mérite mieux que des blagues sur le hockey et le jus d'orange dans des circonstances comme celle-là», a-t-il affirmé alors qu'il se trouvait à Terrebonne pour le caucus du parti souverainiste.
« François Legault déteste tellement les syndicats qu’il n’a rien à dire quand le 2e homme le plus riche du monde s’essuie les pieds sur les travailleurs québécois. Et ça se dit nationaliste !» a tonné la porte-parole de Québec solidaire, Ruba Ghazal, dans un courriel. «Le fait que 1700 personnes perdent leur emploi n’émeut pas davantage le premier ministre du Québec est une nouvelle démonstration qu’il ne se soucie pas du monde ordinaire», a-t-elle surenchéri.
Après son coup d'éclat matinal, M. Legault a finalement commenté la fermeture prochaine des sept entrepôts québécois durant un point de presse. Il a d'abord essuyé les plâtres en rappelant qu'un point de presse était prévu plus tard dans la journée et que les journalistes savaient qu'il répondrait à toutes leurs questions à ce moment-là. «Je ne pense pas que personne pour vrai qui a pensé que c'était une réponse à la question sur Amazon», a-t-il ajouté en faisant référence à sa sortie sur son jus d'orange et le Canadien.
Il a continué en montrant son soutien aux personnes touchées, avant de se distancier de la décision de la firme de Jeff Bezos: «D'abord j'ai une pensée pour les travailleurs et les familles des travailleurs. On parle quand même de 1700 employés. On va bien sûr (...) voir tout ce qu'on peut faire pour les aider à trouver un autre emploi (...). Mais il reste que Amazon c'est une compagnie privée. C'est une décision d’affaires d'une compagnie privée. Je ne peux pas commencer à aller gérer une compagnie privée.»
La décision de la branche canadienne de la multinationale intervient dans un contexte de relation de travail tendue avec les employés syndiqués de l’entrepôt de Laval. Amazon s’était opposée à l’accréditation syndicale de la CSN accordée en mai, mais avait été déboutée par le Tribunal administratif du travail en octobre.
L'entreprise affirme que la décision, «qui n’a pas été prise à la légère», n’a aucun lien avec la syndicalisation de son entrepôt. La multinationale revient ainsi à son modèle d’affaire de 2020, qui misait sur des sous-traitants pour faire la livraison de colis.
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Avec des informations de Stéphane Rolland
Caroline Chatelard, La Presse Canadienne