Les conservateurs relancent les appels à la démission du président Fergus
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Par La Presse Canadienne, 2024
OTTAWA — Les conservateurs ont relancé mercredi les appels à la démission du président de la Chambre des communes, Greg Fergus, le jugeant partial après qu'il a, la veille, expulsé de la pièce leur chef, Pierre Poilievre, en raison de ses refus répétés de simplement retirer ses propos traitant le premier ministre Justin Trudeau de «cinglé».
«Il doit démissionner. C'est une honte», a lancé le député albertain Michael Cooper, en s'engouffrant dans la salle où allait se tenir la réunion du caucus conservateur.
Son collègue Michael Barrett a reproché au président Gergus d'avoir une approche de deux poids, deux mesures, n'ayant pas sanctionné le premier ministre pour des «insultes personnelles» à l'endroit de son chef.
John Brassard, un ancien leader conservateur à la Chambre, a jugé particulièrement «indigne» que M. Trudeau «laisse entendre et infère que nous sommes d’une manière ou d’une autre des nationalistes blancs ou des racistes» sans qu'il n'y ait de conséquence.
«Pouvez-vous imaginer le chef ou le premier ministre d’un pays du G7 faisant référence ainsi au parti d’opposition?», a-t-il demandé aux journalistes. Selon lui, ce «langage non parlementaire» de M. Trudeau le rend «davantage fautif» que le chef conservateur.
Les conservateurs ignoraient si leur formation déposera une motion de non-confiance à l'égard du président Fergus dans l'espoir que la Chambre des communes lui montre la porte.
Lors d'une précédente tentative en décembre dernier, M. Fergus s'était accroché après avoir obtenu une mince majorité d'appuis grâce aux libéraux et aux néo-démocrates.
Bien que le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, se soit amusé en affirmant que l'expulsion du chef conservateur était une décision de «gros bon sens», la formation politique maintient avoir perdu confiance dans le président.
Greg Fergus s'était fait reprocher d'avoir non seulement participé à un événement partisan après avoir été élu président, mais aussi d'avoir pris part dans son accoutrement de président et dans son bureau à un vidéo pour féliciter un collègue, vidéo qui a été présentée à un congrès du Parti libéral de l'Ontario.
«On a fait notre lit déjà depuis longtemps», a résumé le leader bloquiste à la Chambre, Alain Therrien, questionné à proximité d'un édifice du parlement. Il a ajouté que les événements de mardi «confirment» que M. Fergus peine à maintenir la paix aux Communes.
Au Nouveau Parti démocratique, où l'appui est décisif, le chef adjoint, Alexandre Boulerice, a déclaré avoir personnellement confiance en M. Fergus et qu'il a simplement «appliqué les règles», mais que la réunion de son caucus qui était à venir permettra de clarifier la position du groupe.
«M. Poilievre savait exactement ce qu'il faisait. C'est une espèce de coup monté où il voulait avoir l'air d'une victime, puis d'un martyr. D'ailleurs, un courriel de financement est parti tout de suite après», a-t-il insisté.
Questionnés à savoir si les libéraux reconnaissent qu'ils mettent aussi de l'huile sur le feu, le lieutenant de Justin Trudeau pour le Québec, Pablo Rodriguez, a plutôt défendu son chef estimant qu'il ne fait que dire des faits.
«M. Poilievre est allé rencontrer des suprémacistes blancs, des gens de l'extrême droite. On demande juste qu’il les dénonce, il n’arrive pas à le faire. C'est un problème en soi», a-t-il déclaré.
- Avec des informations d'Émilie Bergeron
Michel Saba, La Presse Canadienne