Les tarifs douaniers imposés au Canada concernent le fentanyl, juge Jamieson Greer


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Par La Presse Canadienne, 2024
WASHINGTON — L'homme qui sera probablement nommé négociateur en chef des États-Unis pour le commerce a fait valoir jeudi que la menace de tarifs douaniers du président Donald Trump contre le Canada concernait le trafic de fentanyl, alors qu'il était interrogé par les républicains et les démocrates sur les tarifs.
Jamieson Greer, le choix de M. Trump pour le poste de représentant américain au commerce, a indiqué lors de son audition de confirmation au Sénat que les États-Unis ne voulaient pas voir un autre décès dû au fentanyl et que frapper le Canada de taxes dévastatrices était dans les pouvoirs du président pour répondre à la crise de la drogue aux États-Unis.
Le Congrès a autorité sur les taxes et le commerce extérieur, mais Donald Trump a imposé les tarifs douaniers en utilisant l'International Economic Emergency Powers Act (IEEPA), une loi sur la sécurité nationale qui donne au président américain le pouvoir de contrôler les transactions économiques après avoir déclaré l'état d'urgence.
Peter Welch, un sénateur démocrate du Vermont, a demandé directement à M. Greer s'il pensait que la frontière canadienne nécessitait l'utilisation de ces tarifs, ce à quoi il a répondu oui.
«Je ne le pense pas», a réagi M. Welch.
Moins d’un pour cent du fentanyl saisi se trouve à la frontière avec le Canada, selon les statistiques de la patrouille frontalière américaine.
La pause temporaire de lundi sur le décret exécutif du président Trump visant à imposer des droits de douane de 25 % sur toutes les importations mexicaines et canadiennes, avec un tarif inférieur de 10 % sur l’énergie canadienne, n’a apporté que peu de soulagement. Donald Trump a lié les tarifs à ce qu’il appelle le flux illégal de personnes et de fentanyl à travers les frontières.
M. Trump retarde les prélèvements jusqu’au 4 mars au moins, en réponse aux engagements de sécurité frontalière des deux pays. Il a déclaré que cela laisserait le temps de parvenir à un «accord économique final».
Jamieson Greer a mentionné jeudi qu’il semble que le Canada et le Mexique soient venus à la table des négociations. Les experts ont averti qu’une guerre commerciale pourrait nuire aux économies du Canada et des États-Unis et faire grimper l’inflation.
Des ministres canadiens sont à Washington cette semaine pour rencontrer des législateurs, des industriels et l'équipe de M. Trump pour tenter de comprendre ce que le président veut pour que la menace des tarifs douaniers soit définitivement supprimée.
Le ministre de l'Énergie et des Ressources naturelles, Jonathan Wilkinson, a souligné que, même parmi les républicains de haut rang, les intentions du président restent floues.
«Je dirais que beaucoup de gens ne savent pas exactement ce que le président vise à l'heure actuelle», a avancé le ministre jeudi.
Le Canada et les États-Unis sont tous deux préoccupés, a ajouté M. Wilkinson.
Donald Trump s'est plaint à plusieurs reprises de la balance commerciale avec le Canada. M. Wilkinson a déclaré que les responsables canadiens clarifient aux législateurs américains que, à l'exclusion de l'énergie, les États-Unis ont un excédent commercial avec le Canada.
Des Américains inquiets
L'audition de M. Greer au Sénat a permis d'entendre des législateurs inquiets qui ont été contactés par des groupes industriels et commerciaux affligés par l'impact que les menaces imminentes pourraient avoir sur leurs économies locales.
Le sénateur démocrate du Nevada, Cortez Masto, a déclaré que l'industrie du tourisme serait dévastée si les Canadiens arrêtaient de se rendre à Las Vegas. Une entreprise canadienne avait déjà annulé une commande d'un propriétaire de petite entreprise du Nevada, invoquant des inquiétudes sur le marché, selon M. Masto.
M. Greer a joué un rôle clé dans la première administration Trump en imposant des tarifs douaniers à la Chine et en négociant l'accord Canada-États-Unis-Mexique.
Il était le chef de cabinet de l'ancien représentant américain au commerce, Robert Lighthizer, alors que l'accord trilatéral était en cours d'élaboration pour remplacer l'Accord de libre-échange nord-américain, qui a été résilié la dernière fois que Donald Trump est devenu président.
Si sa nomination est confirmée, Jamieson Greer supervisera la révision du pacte commercial en 2026. Les experts ont suggéré que la récente menace tarifaire de M. Trump est une tentative de secouer le Canada et le Mexique avant les négociations.
M. Greer a affirmé jeudi qu'il y aurait un «deuxième examen» du pacte trilatéral. Il a souligné les problèmes liés aux règles d'origine et aux types d'accès au marché, notamment dans le secteur laitier canadien.
Kelly Geraldine Malone, La Presse Canadienne