Désastre aux coûts astronomiques
Par Guillaume Jacob
Difficile de prédire à combien s’élèvera la facture totale de la catastrophe de la pyrrhotite dans la région. Mais déjà, les estimations provisoires donnent le vertige.
La Coalition Proprio-Béton évalue à 1200 le nombre de cas déclarés de pyrrhotite dans la région. De ce nombre, environ 400 résidences ont été réparées à ce jour.
Le porte-parole de la Coalition, Yvon Boivin, signale que le prix moyen des réparations s’élève à 211 000 $. Cette somme, qui inclut les travaux pour les aménagements extérieurs, a été citée par l’évaluateur Daniel Raymond durant le mégaprocès actuellement en cours.
C’est donc dire que la facture pourrait s’élever, jusqu’à maintenant, à plus de 84 M $ pour les 400 résidences déjà réparées. Selon la même logique, la réparation des 800 autres cas connus pourrait entraîner des dépenses de l’ordre de 168 M $.
« Selon ce que les entrepreneurs nous disent, 5000 maisons pourraient être touchées par la pyrrhotite dans la région », révèle Yvon Boivin. Grosso modo, il s’agit là du nombre de maisons construites de 1995 à 2009, soit la période fatidique où les granulats qui entraînent la pyrrhotite ont été utilisés par plusieurs bétonnières.
Si ces projections s’avéraient, le montant de la facture pourrait donc, dans le pire des scénarios, dépasser le milliard de dollars.
Mégaprocès
Le mégaprocès sur la pyrrhotite en cours au palais de justice de Trois-Rivières constitue le plus gros recours civil pour vice de construction au Canada, avec plus de 820 propriétaires inscrits qui réclament, en tout, quelque 160 M $, indique Me Pierre Soucy, avocat des demandeurs.
Seulement pour faire produire des rapports d’experts, les parties ont dépensé presque 3 M $.
Les commerces aussi touchés
Les résidences privées ne sont pas les seuls bâtiments touchés par le fléau. Une quinzaine de commerces sont minés par la pyrrhotite dans la région. Le Groupe immobilier Bel-Rive, par exemple, compte 7 édifices touchés. Il a entamé des poursuites de 9,5 M $ dans le cadre du mégaprocès.
Le quartier général de la Coopérative des ambulanciers de la Mauricie, sur le boulevard Jean-XXIII, est aussi atteint par ce cancer du béton. La Coopérative a intenté une poursuite de l’ordre de 2 M $.
Édifices publics
Les édifices publics construits ou agrandis durant la période fatidique pourraient aussi être infectés. On sait déjà que près du tiers de la superficie du Complexe sportif Alphonse-Desjardins est touché. Un casse-tête se dessine qui pourrait coûter cher à la Commission scolaire Chemin-du-Roy, propriétaire du Complexe, et à la Ville de Trois-Rivières, qui loue plusieurs plateaux et qui compte sur ces équipements pour développer le tourisme sportif.
Par ailleurs, la Ville de Trois-Rivières indique avoir essuyé des pertes de revenus de taxe foncière de l’ordre de 6 M $, à cause des dévaluations de résidences.
Québec, pour sa part, commandera des analyses de béton dans quatre édifices publics de la région qui pourraient être touchés. Le gouvernement a aussi mis un fonds de 15 M $ à la disposition des victimes.
L’Université du Québec à Trois-Rivières fera aussi analyser le béton de son Centre d’activité physique et sportive et de son Pavillon de la santé.
Pour partager votre opinion vous devez être connecté.