Septième diminution consécutive
La Banque du Canada abaisse son taux directeur à 2,75 %.

Par Salle des nouvelles
La Banque du Canada a annoncé ce matin qu'elle abaisse le taux directeur de 25 points de base, pour le faire passer à 2,75 %.
Il s'agit de la septième diminution consécutive, la deuxième depuis le début de l'année 2025.
Dans le communiqué, on indique que le taux officiel d’escompte s’établit à 3 % et le taux de rémunération des dépôts, à 2,70 %.
La menace américaine, lourde pour notre économie
Bien que l'économie canadienne ait débuté l'année en force, la Banque du Canada a pris cette décision en raison du contexte d'incertitude généralisée dans tous les marchés créé par les menaces tarifaires américaines qui changent presque tous les jours et de l'inflation qui se situe près de la cible de 2 %.
En effet, les menaces américaines modèrent les intentions d’achat des consommateurs et les projets d’embauche et d’investissement des entreprises.
Perspectives économiques entourées d'une incertitude importante
Ainsi, les tensions commerciales accrues et les droits de douane imposés par les États-Unis depuis l'entrée au pouvoir de Donald Trump vont probablement ralentir la progression de l’activité économique et faire augmenter les pressions inflationnistes au Canada. Les entreprises et institutions gouvernementales restent sur leur garde tous les jours, en raison des prises de décisions rapides du président américain.
L’intensification du conflit commercial pesant sur la confiance et l’activité, on prévoit déjà une baisse de croissance dans le prochain trimestre. Les résultats de récentes enquêtes semblent indiquer que la confiance des consommateurs est en forte baisse et que les entreprises réduisent leurs dépenses en reportant ou en annulant des projets d’investissement. L’effet négatif de l’affaiblissement de la demande intérieure a été en partie contrebalancé par une forte hausse des exportations dans l’anticipation de l’entrée en vigueur des nouveaux droits de douane.
La situation des autres grandes puissances
On ajoute qu'aux États-Unis, l’économie semble avoir ralenti ces derniers mois après une période de solide expansion, et l’inflation demeure légèrement au-dessus de la cible. Dans la zone euro, la croissance économique a été modeste à la fin de 2024. En Chine, l’économie a fortement progressé, soutenue par les actions des pouvoirs publics. Les cours boursiers ont chuté et les rendements obligataires ont baissé, les marchés ayant réduit leurs attentes vis-à-vis de la croissance nord-américaine. Les prix du pétrole ont été volatils et se situent en deçà de ceux postulés dans le Rapport sur la politique monétaire de janvier. La valeur du dollar canadien est essentiellement inchangée par rapport au dollar américain, mais s’est dépréciée face à d’autres devises.
Une croissance économique canadienne plus élevée que prévue
Au Canada, l’économie a progressé de 2,6 % au quatrième trimestre de 2024, après avoir connu une croissance révisée à la hausse de 2,2 % au troisième trimestre. Cette trajectoire de croissance est plus élevée que ce qu’on prévoyait en janvier. Les baisses passées de taux d’intérêt ont stimulé l’activité économique, surtout la consommation et l’activité sur le marché du logement.
La croissance de l’emploi s’est raffermie de novembre à janvier inclusivement, et le taux de chômage a diminué pour s’établir à 6,6 %. En février, la progression de l’emploi a stagné. Bien que les baisses passées de taux d’intérêt aient stimulé la demande de main-d’œuvre au cours des derniers mois, des signes avant-coureurs indiquent que la montée des tensions commerciales pourrait entraver la reprise du marché du travail. En même temps, la croissance des salaires a montré des signes de modération.
Inflation au pays
L’inflation reste près de la cible de 2 %. Même si la suspension temporaire de la TPS et de la TVH a fait baisser certains prix à la consommation, en janvier, l’inflation mesurée par l’indice des prix à la consommation a été légèrement plus forte que prévu, s’établissant à 1,9 %. Elle devrait augmenter pour atteindre environ 2,5 % en mars, sous l’effet de la fin du congé de TPS et de TVH. Les mesures de l’inflation fondamentale privilégiées par la Banque restent au-dessus de 2 %, surtout en raison de la hausse persistante des frais de logement. Les attentes d’inflation à court terme ont augmenté à cause des craintes liées à l’incidence des droits de douane sur les prix.
Guerre commerciale : diminuer les répercussions
La Banque indique que la politique monétaire n'ait pas en mesure de neutraliser les répercussions d’une guerre commerciale.
« Mais elle peut – et elle doit – empêcher les hausses de prix d’alimenter l’inflation de façon durable. Le Conseil de direction mesurera avec soin l’évolution et la force des pressions sur l’inflation – celles à la baisse dues à l’affaiblissement de l’économie et celles à la hausse découlant de la montée des coûts. Le Conseil surveillera aussi de près les attentes d’inflation. La Banque s’engage à maintenir la stabilité des prix pour la population canadienne », peut-on lire dans le communiqué.
La prochaine date d’établissement du taux directeur sera le 16 avril prochain. La Banque publiera sa prochaine projection complète pour l'économie et l'inflation, ainsi qu'une analyse des risques connexes, dans le Rapport qui paraîtra également à cette date.
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