Un atelier virtuel qui fait réagir
Par Claudia Berthiaume
Luc Beauchesne est un artiste qui accorde beaucoup d’importance au message véhiculé par une œuvre. C’est pourquoi, dans le cadre de son projet de maîtrise en arts visuels, il a créé Frontières quotidiennes, une œuvre performative qui suscite la réflexion.
Du 15 au 24 avril dernier, l’œuvre a évolué dans l’enceinte du Pavillon De La Salle, où l’artiste est aussi enseignant. Celle-ci est constituée de quatre panneaux liés entre eux pour former un atelier virtuel, dans lequel on a encastré huit écrans.
«La première journée, il n’y avait qu’un écran qui était allumé. À chaque moment de la journée, les gens qui passaient me voyaient dans celui-ci. Le matin, je déjeunais et le midi, je dînais, exactement comme eux. Les gens se demandaient vraiment si j’étais dans la boîte», raconte Luc Beauchesne.
Si les passants se questionnaient autant, c’est parce qu’un jeu de perceptions visait à les déstabiliser. Dans l’écran où on voyait l’artiste en performance – par le biais d’un film qui avait été tourné au préalable – il y avait aussi les images de deux autres caméras, réelles celles-là, qui montraient le spectateur de dos et de face en train d’observer l’atelier.
Quotidiennement, un écran supplémentaire était allumé, montrant ce que M. Beauchesne a fait chaque jour, pendant sept jours, lorsqu’il produisait son œuvre. Sur toutes les vidéos, on le voit peindre, sans jamais voir le résultat. «Avez-vous déjà vu à quoi ressemble le mouton du Petit Prince?», mentionne-t-il.
Regard critique
Cette œuvre performative se veut un regard critique sur la société du vingt-et-unième siècle. «Maintenant, on regarde un documentaire, les nouvelles, Occupation double ou une vidéo sur Youtube et on a de la difficulté à différencier le vrai du faux. La vie est faite de frontières, mais on vit au-delà de celles-ci. C’est un peu ce que je voulais démontrer», explique l’artiste.
Le travail artistique ne peut être dissocié du contexte social, historique et technologique de son époque, selon M. Beauchesne.
«Il aurait été moins compliqué de seulement rester dans mon atelier pendant sept jours pour peindre, sans faire cette installation, mais ça n’aurait pas eu le même impact», termine-t-il.
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