Vivre sa passion, malgré son handicap
Par Claudia Berthiaume
France Geoffroy danse depuis 20 ans…en fauteuil roulant. Voici le témoignage d’une femme qui a déplacé des montagnes pour vivre de sa passion, témoignage qu’elle a livré jeudi dernier au Centre d’immersion des arts La Fenêtre, à Trois-Rivières.
France Geoffroy a été éveillée à la danse dès l’âge de six ans. C’était les années 1980, l’époque de Fame et de Flashdance.
À la fin du secondaire, France s’inscrit au programme de danse du Collège Montmorency, et est acceptée sans condition.
Un scénario digne d’Hollywood
Quatre jours avant le début de son rêve, tout s’écroule. Alors qu’elle est au chalet de son copain de l’époque, France plonge du bout d’un quai et se heurte la tête au fond du lac.
Après de longs mois passés à l’hôpital et en réadaptation, le verdict tombe: tétraplégique. Elle ne marcherait plus jamais. Elle a 17 ans. «J’avais toujours cette foi en dedans de moi qui me poussait à continuer. Même après un accident comme ça, on reste avec la même personnalité», explique la femme, aujourd’hui à l’aube de la quarantaine.
Étape par étape
Un an après les évènements qui l’ont clouée à un fauteuil roulant, France Geoffroy retourne aux études. Avec l’aide d’un orienteur, elle se crée un diplôme d’études collégiales en arts sur mesure, qui inclut cinq cours de danse.
Puis, un jour, un réalisateur de documentaire lui propose une entrevue pour raconter son histoire…dans un studio de danse exploratoire. La jeune femme y rencontre la danseuse et chorégraphe Valérie Dean. Cette dernière demande à France d’improviser sur le plancher de danse.
«Mon désir de danser était tellement puissant que je me suis lancée, comme ça, au milieu de l’espace. Quand je me suis arrêtée, tout le monde avait les yeux dans l’eau et Valérie Dean m’a dit que j’avais une âme de vraie danseuse», se rappelle-t-elle. C’est là que le déclic s’est produit.
Rencontres magiques
France se rend ensuite en Angleterre pour un stage en danse intégrée alors qu’elle ne parle pas un mot d’anglais. Elle reviendra au Québec en compagnie d’un chorégraphe anglais, avec qui elle produira son premier spectacle professionnel en l’an 2000.
Cette année-là, elle fonde sa propre compagnie de danse intégrée – la première au Québec – avec une danseuse des Grands Ballets Canadiens, Martine Lusignan, et le danseur Isaac Savoie.
Un peu plus d’une décennie plus tard, Corpuscule Danse compte plusieurs enseignants et danseurs.
France Geoffroy travaille actuellement à faire (re)connaître la danse intégrée. En plus de ses conférences un peu partout au Québec, elle écrit un guide pédagogique sur le sujet. «Mon fauteuil m’a mené là où mes jambes ne l’aurait jamais fait. Les gens du milieu handicapé m’ont mise au monde en me permettant de danser à une tonne d’endroits. Je suis passée de “je fais de la danse” à “je suis une danseuse”. Aujourd’hui, j’incarne ce que je fais», affirme l’artiste.
La mission de La Fenêtre est de donner des ateliers d’arts aux personnes ayant un handicap physique ou une déficience intellectuelle. La conférence de Mme Geoffroy prenait place dans la programmation estivale de l’organisme.
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