Le dilemme de la famille Ribeiro
Par Karine Blanchette
Retourner vivre dans son pays d’origine ou demeurer dans la cage dorée de sa terre d’adoption, tel est le dilemme auquel sont confrontés les personnages de l’excellent film du Franco-Portugais Ruben Alves.
Dans les beaux quartiers de Paris, Maria et José Ribeiro, un couple d’immigrants portugais, font l’unanimité dans le voisinage. Depuis leur arrivée en France 30 ans plus tôt, Maria, excellente concierge, et José, chef de chantier hors pair, sont devenus indispensables à la vie quotidienne de leur entourage. Tellement appréciés et si bien intégrés que, au moment où on leur offre de réaliser leur rêve, rentrer au Portugal pour y vivre dans une jolie villa, personne ne veut les laisser partir. Jusqu’où iront leur famille, les voisins, et leurs patrons pour les retenir? Les Ribeiro ont-ils vraiment le désir de s’échapper de leur cage dorée parisienne?
Une comédie dramatique
Gagnant du prix du public et du prix d’interprétation féminine au Festival de l’Alpe d’Huez 2013, la comédie dramatique réalisée et coécrite par Ruben Alves a été très bien reçue en France, autant par la critique que par les quelque 1,2 M de personnes qui l’ont vue au cinéma.
Rita Blanco, qui a aussi tourné dans le film Amour de Michael Haneke en 2012, joue une Maria, immigrante portugaise effacée et serviable, tout en nuance et en subtilité. Le jeu de Joaquim de Almeida (Rapide et Dangereux 5) est juste et irréprochable à l’instar du reste de la distribution.
Les dialogues signés Ruben Alves, qui joue aussi un petit rôle dans son propre film, regorgent de perles dont la fameuse réplique de la conjointe du patron de M. Ribeiro parlant de la Révolution des Œillets comme d’ «une révolution avec des fleurs et pas une guillotine.» Les non-dits sont aussi très révélateurs dans ce long métrage.
La caméra est intimiste sans être voyeuse. La direction de l’image est assumée avec brio par André Szankowski. La musique signée Rodrigo Leao est utilisée avec justesse et est bien dosée. La pièce L’Étrangère interprétée par Linda de Suza, se superpose à merveille avec les images d’une Maria déchirée entre son souhait de rester dans sa vie simple mais bien remplie et le désir de son mari qui veut retourner dans son pays natal afin de reprendre la villa familiale et le vignoble dont il vient d’hériter.
Si on sourit du coin des lèvres à maintes occasions, on est aussi bouleversé par le scénario et le désarroi des personnages.
La Cage Dorée sortira en salle le 2 août prochain et prendra l’affiche au cinéma Le Tapis Rouge.
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