Clément Marchand: un poète, un éditeur
Par Matthieu Max-Gessler
Clément Marchand, décédé en avril dernier, a eu droit à un nouvel hommage du monde littéraire. Les éditions du Septentrion ont lancé la semaine dernière le livre Le Bien public: un journal, une maison d’édition, une imprimerie (1909-1978), qui relate le passage du poète à la barre de la défunte institution trifluvienne.
L’auteure du livre, Maude Roux-Pratte, aura consacré près de huit ans de sa vie à étudier l’histoire du Bien public, une publication hebdomadaire qui a ensuite diversifié ses activités pour devenir une maison d’édition et une imprimerie. Sa principale source était Clément Marchand, alors âgé de 89 ans, qu’elle a d’abord dû apprivoiser.
«Il voulait voir à qui il avait affaire avant de me laisser entrer dans sa maison et de me prêter quelque document que ce soit. Les mauvaises expériences avec des chercheurs l’avaient laissé méfiant, alors il a fallu gagner sa confiance et le visiter souvent», s’est-elle remémoré lors du lancement de son livre, le 16 octobre au Séminaire Saint-Joseph.
Mme Roux-Pratte a choisi ce sujet pour sa thèse au doctorat en histoire à l’Université du Québec à Montréal. Elle s’intéresse à l’hebdomadaire catholique de sa fondation par l’évêque de Trois-Rivières de l’époque, Mgr François-Xavier Cloutier, à sa fermeture, en 1978, en passant bien sûr par la reprise de la direction par Clément Marchand dans les années 30.
Le poète a notamment raconté à l’auteure l’importance de l’abbé Tessier dans sa carrière d’écrivain, alors qu’il était au Séminaire. Ce dernier lui a permis d’écrire pour Le Bien public.
«Clément n’avait pas 20 ans quand il a pris les rênes du bien public, auquel il va consacrer toute sa vie jusqu’à sa retraite en 1978. Sa carrière de poète a été reléguée à l’arrière-plan car il devait faire vivre sa famille», a rappelé Mme Roux-Pratte.
Clément Marchand a tout de même remporté le prix Athanase-David à deux reprises, pour «Les soirs rouges», en 1939, et «Courrier des villages», en 1942. Il est décédé le 23 avril dernier, à l’âge de 100 ans.
Une institution qui a laissé sa marque
Jean Panneton était supérieur du Séminaire Saint-Joseph pendant le temps que Mme Roux-Pratte menait ses recherches sur Le Bien public. Présent au lancement du livre, il a affirmé que la mémoire de l’ancienne publication n’est pas prête de s’éteindre.
«Vous avez réussi à faire revivre cette époque, tout un pan de notre histoire trifluvienne et mauricienne. Ces années-là ne sont pas perdues et je suis sûr que ceux qui vous liront ne perdront pas leur temps. Ils vont entrer dans un monde insoupçonné», s’est-il réjoui.
Pour partager votre opinion vous devez être connecté.