À la recherche du meilleur menteur
Par Matthieu Max-Gessler
Il est rare que l’on nous prévienne avant de nous mentir. C’est pourtant ce qu’ont l’amabilité de faire plusieurs conteurs de la province, lorsqu’ils se réunissent pour déterminer qui, parmi eux, est le meilleur menteur. Une expérience ouverte au public, pour le plus grand bonheur des curieux.
Les « menteurs » se réunissent régulièrement pour s’affronter dans des joutes amicales dont le but est de déterminer qui a la meilleure langue fourchue. Les participants doivent raconter une anecdote qui leur est réellement arrivée et l’exagérer, tout en restant dans le réalisme.
Cette compétition amicale est organisée par des conteurs un peu partout au Québec. Le Cercle des conteurs de Trois-Rivières en était à son septième «concours de menteries». Pour son fondateur, Michel Deschênes, c’est l’occasion de changer de format.
«C’est très différent. Le conte, c’est une interprétation, tu dois t’approprier une culture. Quand tu contes au «je», tu prends ton expérience à toi. Là-dedans, souvent 80 à 90 %, c’est vrai. Mais il y a des choses tellement incroyables qui se passent que les gens ne te croient pas, même si c’est vrai», s’amuse-t-il.
Une tradition qui ne date pas d’hier
Si la Confrérie des menteurs du Québec existe depuis moins d’un an, la «menterie» comme tradition orale est présente depuis plusieurs siècles en Europe. Le concours de mensonge de Moncrabeau, dans le sud-ouest de la France, existe depuis 1748. C’est d’ailleurs là-bas que le conteur Éric Michaud a remporté le titre de «roi des menteurs», ce qui lui a donné l’idée de former la Confrérie au Québec.
«On voulait mettre en lien les concours de menteries, leur donner des règles semblables et les aider à se structurer. On va à presque tous les concours», indique Marc-André Fortin, Baron de la Confrérie et conteur de Drummondville.
Y aller… et pourquoi pas y participer: Marc-André s’est prêté au jeu lors du concours de menteries organisé à Trois-Rivières, le 17 janvier dernier. Il a d’ailleurs remporté, pour une seconde fois, le titre de meilleur menteur. C’est un mensonge basé sur un quiproquo impliquant son homonyme – Marc-André Fortin, gagnant de <I>Star Académie<I> en 2005 – qui lui a permis de l’emporter devant des concurrents de Québec, de Saint-Norbert-d’Arthabaska et de Rimouski.
Menteurs à but non lucratif
En plus de vouloir donner à la «menterie» sa juste place, la Confrérie des menteurs souhaite donner l’occasion aux jeunes d’apprivoiser le conte, en organisant des événements dans les écoles.
«C’est une bonne place pour voir si on est à l’aise de conter devant un public. Vu que le mensonge est plus ludique que le conte, c’est aussi une bonne porte d’entrée», ajoute Marc-André Fortin.
Un nouveau menteur a d’ailleurs été accueilli dans la Confrérie, vendredi dernier. Michel Deschênes s’est fait sacrer cantonnier au sein de l’organisation, un clin d’œil à sa carrière au ministère des Transports.
Le Cercle des conteurs de Trois-Rivières organise deux autres événements dans les mois à venir, soit le 21 février, sur le thème de la St-Valentin, et le 21 mars, pour la journée internationale du conte.
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