Bibliothèques et nouvelles technologies: un heureux mariage
Par Matthieu Max-Gessler
Alors que l’ère numérique, désormais bien installée, amène son lot de tracas aux libraires, force est de reconnaître que les bibliothèques elles, n’ont pas souffert de l’arrivée des livres électroniques. Au contraire, elles ont très bien intégré ce nouveau média à leurs façons de faire lire petits et grands.
Voilà deux ans que le livre numérique a fait son entrée dans les bibliothèques du Réseau BIBLIO du Centre-du-Québec, de Lanaudière et de la Mauricie. Si le Réseau a attendu à ce printemps pour en faire l’annonce officielle, le temps de laisser les bibliothécaires se familiariser avec les nouvelles façons de faire liées à ce nouveau support d’information, les usagers, eux, n’ont pas attendu.
«On faisait environ 720 prêts de livres numériques par mois avant l’annonce. Depuis, on est passé à 1200 par mois. On croit vraiment doubler ou tripler ce chiffre-là avec le temps», indique Hélène Arseneau, directrice générale du Réseau BIBLIO.
À la bibliothèque… dans son salon
Qui dit livre électronique dit bien sûr Internet. À l’instar de ceux qui achètent leur lecture sur la Toile, les abonnés des bibliothèques peuvent désormais emprunter les livres électroniques qu’ils désirent… sans jamais quitter le confort de leur salon.
«Les gens peuvent accéder à notre catalogue en ligne et emprunter des livres à distance, à condition d’être abonnés à la bibliothèque. Les livres sont "chronodégradables", ce qui veut dire qu’ils se détruisent après 21 jours. Ça fait en sorte qu’on n’a plus de retards», explique Marie-Claude Taillon, bibliothécaire de référence à la bibliothèque Gatien-Lapointe, au centre-ville de Trois-Rivières.
En plus des livres virtuels, la bibliothèque trifluvienne s’est mise récemment au prêt de jeux vidéo, qui font fureur auprès des jeunes.
«La réponse est très bonne, ils partent comme des petits pains chauds! On fait attention, par contre, à n’acheter que des jeux qui sont destinés à tous les âges. On n’achète pas de jeux classés pour adultes ou pour 16 ans et plus», ajoute Simon Vadnais, coordonnateur - communication et technologie à la bibliothèque Gatien-Lapointe.
Le réseau de bibliothèques trifluviennes a également mis à la disposition de ses abonnés des tablettes numériques qu’ils peuvent utiliser sur place, à la bibliothèque Aline-Piché. Des formations sur l’utilisation de cet outil numérique leur sont régulièrement offertes.
Là pour rester, mais appelée à se transformer
Preuve que l’arrivée du livre numérique n’a pas enterré les bibliothèques, le Réseau BIBLIO a vu son nombre d’abonnés réguliers augmenter légèrement, passant de 38 524 en 2009 à 41 365 en 2012. Même constat dans les bibliothèques de Trois-Rivières: si le nombre d’entrées a diminué de 2,5 % entre 2012 et 2013, le nombre d’abonnés a progressé de 7,5%, en plus des visites en lignes qui ont bondi de 13%.
Si ces chiffres sont encourageants, cela ne signifie pas pour autant que la transformation des bibliothèques est terminée. Si la collection numérique des bibliothèques trifluviennes dépasse les 1300 titres et grossit sans cesse, de nombreuses œuvres sont difficiles, voire impossibles à obtenir.
«Les gens ont accès à beaucoup plus de titres que moi. Il y a plusieurs intervenants qui voient leur place disparaître avec le numérique, comme le distributeur, alors c’est sûr qu’ils sont réfractaires à ce changement. Mais je pense qu’ils n’auront pas le choix, il y aura une pression de la part des utilisateurs. Ça a déjà commencé», estime Mme Arseneau.
En attendant, la directrice générale du Réseau BIBLIO reste à l’affût des changements qu’imposent les avancées technologiques.
«On est en constante adaptation, puisqu’on ne sait pas où ça va s’arrêter. Mais on n’est pas résistants à ce changement: on voit ça positif», assure Hélène Arseneau.
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