L'anglais s'impose aussi de plus en plus
La ministre des Langues officielles refuse de reconnaître le déclin du français
Par La Presse Canadienne
Tout juste nommée, la ministre des Langues officielles, Rachel Bendayan, refuse catégoriquement de reconnaître le déclin du français au Québec, ce qui est pourtant un fait que démontrent tous les indicateurs linguistiques.
«Le Québec a un rôle très important. C'est la province qui doit d'abord et avant tout être francophone afin de s'assurer que la dualité linguistique que nous avons ici au Canada est protégée et maintenue», a-t-elle d'abord répondu, vendredi, lors d'une mêlée de presse immédiatement après son assermentation.
Mais la journaliste parlementaire qui l'a questionnée lui a coupé la parole, répétant sa question une seconde fois. «Est-ce qu’il est en déclin, oui ou non?», a-t-elle envoyé.
Mme Bendayan, qui est députée d'Outremont, a une fois de plus ignoré la question, comme c'est souvent l'habitude chez les libéraux.
Son rôle de ministre des Langues officielles, a-t-elle dit, est de «s'assurer que la minorité anglophone au Québec soit protégée et que la minorité francophone hors Québec soit protégée afin que le bilinguisme soit protégé partout à travers le pays, et que nous maintenons la dualité linguistique que nous avons et dont nous sommes si fiers», a-t-elle dit avant de tourner les talons.
Statistique Canada confirme à répétition la tendance que suit le français au Québec. Le plus récent recensement confirmait que le français poursuit son déclin au Québec et dans le reste du pays. Le pourcentage de Québécois qui parlent principalement cette langue à la maison est passé de 79 % à 77,5 % entre 2016 et 2021.
Des projections publiées en mars par l'Office québécois de la langue française révèlent également que, comme langue d'usage à la maison, le poids du français va sans cesse diminuer au cours des prochaines années, au profit de l'anglais.
Et dans le monde du travail, l'anglais s'impose aussi de plus en plus. La moitié des Québécois – et les deux tiers dans le cas de ceux qui œuvrent sur l'île de Montréal – utilisent régulièrement l'anglais ou une autre langue que le français au travail.
La nouvelle ministre Bendayan n'est pas la première à refuser de reconnaître le déclin du français au Québec. Elle suit ainsi les traces de sa collègue de Notre-Dame-de-Grâce–Westmount, Anna Gainey, qui avait fait de même l'an dernier.
Toujours dans l'équipe des rouges, la députée de Saint-Laurent, Emmanuella Lambropoulos, avait pour sa part été forcée de démissionner du comité des langues officielles après avoir nié le déclin du français au Québec.
Les libéraux se sont souvent dits préoccupés par le déclin du français au Québec et ailleurs au pays. Ils ont même fait adopter une réforme de la Loi sur les langues officielles dans l'espoir de s'y attaquer.
Michel Saba, La Presse Canadienne
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