Les Franc-Maçons, trois siècles plus tard

Par Matthieu Max-Gessler
Ils sont plus de 4500 au Québec à se réunir à huis clos, une fois par mois. Si cette fraternité dont les origines remontent au 18e siècle est loin d’être cachée, elle comporte tout de même son lot de secret et de symboles mystérieux. Coup d’œil sur la Franc-maçonnerie en 2013.
Depuis 40 ans, Roger Sicard se rend, chaque deuxième mercredi du mois, à la Loge Shawenegan de Trois-Rivières, l’un des 75 lieux de réunion maçonniques du Québec. Pour parler de quoi? Nul ne le sait, sauf la cinquantaine de francs-maçons qui prennent part à ces réunions. Mais en tout cas, pas de politique. Contrairement aux croyances véhiculées à d’autres époques, les francs-maçons ne tirent pas les ficelles du monde depuis leur salle de réunion à l’allure solennelle.
«On peut parler de la pluie et du beau temps. C’est une fraternité, le but est de se rencontrer et de s’entraider lorsque l’un d’entre nous est dans le besoin. C’est aussi dans le but de devenir un homme meilleur», explique le septuagénaire, qui a longtemps été directeur de compagnies de transport avant de prendre sa retraite.
Un Dieu, plusieurs religions
C’est cet esprit d’entraide, mais aussi celui de la tolérance qui est à l’origine de la Franc-maçonnerie. Si l’un des prérequis est d’être croyant, chrétiens, Juifs et musulmans se côtoient sans accrochages, avec accommodements raisonnables en prime.
«Un candidat musulman peut être assermenté sur le Coran plutôt que sur la Bible, idem pour les Juifs, illustre Jacques G. Ruelland, bibliothécaire et porte-parole de la Grande Loge du Québec. La Maçonnerie, c’est une tolérance ouverte et positive qui dit : je suis content que tu sois différent de moi, car grâce à toi, j’apprends des choses nouvelles. Mais il faut croire en un Dieu unique.»
Quel que soit le nom qui lui est donné, ce dernier est d’ailleurs rebaptisé «Grand Géomètre» ou «Grand Architecte», en référence aux symboles maçonniques.
Maçonnerie 2.0
Ne devient pas franc-maçon qui le veut. En plus de devoir être croyant, il faut avoir un dossier criminel vierge, être âgé d’au moins 21 ans et payer une cotisation annuelle. Seulement les hommes peuvent entrer dans la fraternité. Il faut également faire parrainer sa candidature par au moins deux Maçons. Trouver ces derniers peut d’ailleurs s’avérer ardu, puisque les membres de la fraternité ne crient pas forcément leur appartenance sur tous les toits.
Cette difficulté, M. Ruelland l’a vécue lorsqu’il est arrivé de Belgique, en 1969.
«Ça m’a pris un bout de temps avant de trouver le contact. Si j’avais été un peu plus malin, j’aurais pris le bottin: la Grande Loge est dedans! Après 14 ans, je suis tombé tout d’un coup sur un Maçon et j’ai sauté sur l’occasion.»
Cet obstacle a toutefois disparu avec l’arrivée d’Internet: il suffit d’un courriel pour faire une demande d’adhésion. Une facilité d’accès qui amène toutefois son lot de problèmes.
«On a dû établir des politiques parce qu’il y a toutes sortes de gens, dont des ennemis chez les vieux catholiques, qui nous contactent. C’est sûr qu’il faut faire un tamisage pour ne pas être encombrés par toutes sortes d’individus indésirables», reconnaît M. Ruelland.
La Grande Loge du Québec reçoit jusqu’à 500 demandes d’adhésion par année dont près du tiers viennent de son site web.
Sans être réellement cachée, la Franc-maçonnerie conserve définitivement un certain mystère. Mais force est de constater qu’à travers les siècles et malgré ses ennemis, cette fraternité est toujours bien vivante.
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