Après avoir connu des années fastes lorsque Tiger Woods a rejoint les rangs de la PGA, les clubs de golf de la région connaissent des moments difficiles, menaçant la rentabilité de certains. De l’avis des intervenants, il est temps de mettre en œuvre une nouvelle approche afin de retrouver le vert… des billets.

Le constat est inquiétant pour les propriétaires de terrains de golf qui voient leur clientèle vieillir, mais surtout, ne pas se renouveler. Afin de retrouver la santé financière, les parcours de la région ont décidé de s’allier afin de trouver une solution. Une première rencontre, qui a réuni plusieurs intervenants de la région et la majorité des propriétaires de terrains, a eu lieu en février.

« Il faut trouver des outils pour redonner le goût du golf qui a été confronté à d’autres sports comme le soccer », indique Luc Boisvert, professionnel au Ki-8-Eb.

La situation est similaire à travers le Canada. Une récente étude effectuée pour le compte de l’Alliance nationale des associations de golf révélait que 38 % des golfeurs avaient diminué leur nombre de rondes jouées par année. De plus, le pourcentage de golfeurs initiés entre l’âge de 6 à 11 ans est passé de 17 % à 7 %, alors que ceux ayant adopté le sport entre 12 et 17 ans a diminué de 23 % à 9 %.

Victime de son image

Selon M. Boisvert, la discipline est toujours victime de son image. « Plusieurs pensent que le golf est encore réservé à une élite. Pourtant, ce n’est plus dispendieux de jouer au golf. Les gens n’achèteront pas une carte de membre pour six mois, mais ils vont payer le même montant pour un voyage de pêche d’une semaine. »

Alors que la majorité des sports tentent de développer une jeune relève afin de s’assurer une clientèle durant de longues années, les efforts des clubs de golf de la Mauricie se centreront sur les individus qui ont déjà joué au golf, mais qui ne le font plus. Une tranche d’âge plus payante que les juniors et qui permettra plus rapidement de retrouver la rentabilité.

Cannibalisme ?

La compétition entre les clubs de golf de la région est importante. Afin d’attirer davantage d’amateurs, plusieurs ont décidé d’abaisser leur prix. Le tout a toutefois eu un effet pervers selon Luc Richard, professionnel au Mémorial.

« Quand tu habitues ta clientèle à ne pas payer, elle ne vient plus lorsque tes prix sont normaux. Il faut s’entendre pour que nos prix ne soient pas suicidaires. Si une ronde de golf nous coûte 35 $ à créer et qu’on la vend 25 $, on n’entre pas dans notre argent. »

Avec 15 centres en Mauricie et deux à Bécancour, la région est-elle saturée ? Le golf du Moulin a été vendu l’automne dernier après plusieurs années où la rentabilité n’a pas été au rendez-vous.

« Je ne connais pas la situation financière des autres clubs, mais une chose est certaine, on ne roule pas sur l’or », précise M. Richard.

Création de journées d’initiation

C’est en rendant le sport plus accessible que les intervenants de la région tenteront d’accentuer la popularité du golf dans la région. Des journées d’initiation seront organisées dès cet été.

Lors de dates prédéterminées, il sera possible pour les néophytes d’avoir accès à tous les clubs de la région, où de l’équipement leur sera prêté si le besoin y est.

« Il faut développer un créneau pour donner la passion et initier le plus de monde possible. Pas besoin d’être un pro pour jouer au golf. En plus, ces gens pourront amener leur voisin et leur montrer comment jouer. Il faut créer un happening », souligne le professionnel du Ki-8-Eb, Luc Boisvert.

Moderniser les façons d’opérer

M. Boisvert est d’avis que les clubs de golf devront trouver des moyens pour intéresser les novices. S’inspirer d’autres sports s’avère être une option intéressante.

« En ski, les gens peuvent apporter leur lunch. Ce n’est pas comme ça dans le golf. » Ce dernier rappelle aussi que les heures les plus intéressantes pour jouer sont souvent réservées aux habitués, si bien que les débutants préfèrent passer leur tour.

À son avis, le succès d’un centre de golf passe inévitablement par la réussite des autres parcours de la région. « Lorsque je vois une forte affluence au champ de pratique du club Les Rivières, je suis heureux. Ça signifie que cette clientèle viendra éventuellement jouer chez moi », conclut-il.